Mon père, ce héros, portrait de pères | Bota Bota, spa-sur-l'eau

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Bota Bota

Mon père, ce héros

Le 16 juin est célébrée la fête des Pères. Pour l’occasion, je me suis assise avec trois matelots afin qu’ils me tirent un portrait de leur père. Retour sur ces rencontres pleines d’émotions et d’amour.

Sacha D., Agent de bord

Accoudé à mon bureau, Sacha semble prêt et désireux de me dévoiler l’histoire de son père. Sa voix grave évoque une enfance heureuse, régie par un père attentionné, mais sévère : « J’ai eu la chance et une opportunité en or d’avoir pu grandir avec un père comme lui. Il était sévère, mais pas pour rien, c’était pour nous éduquer et il a fait un excellent travail ».

Né en Haïti, il a passé sa vie à travailler fort, afin d’offrir à sa future famille le meilleur. Ingénieur réparateur automobile, cuisinier, conducteur de bus à la STM, il a su faire de ses expériences professionnelles des aventures qui l’auront menée d’Haïti jusqu’à Montréal, où Sacha et ses frères ont vu le jour. « Il nous répétait constamment de donner le meilleur de nous-même », se souvient Sacha, « Il nous disait qu’en tant que jeunes Haïtiens à Montréal, il était important de travailler fort afin de réussir dans la vie, parce qu’ici la vie est plus difficile pour les jeunes noir ».

La perte de son père il y a maintenant trois ans est un rappel quotidien de ne jamais baisser les bras. Il porte avec fierté nombreuse de ses caractéristiques : « Je suis persévérant et optimiste, comme lui. Plus le temps passe, plus ça devient flagrant. Peu importe ce que je fais, ses mots sont présents avec moi ». Sacha le sait, cet acharnement quotidien inculqué par son père portera ses fruits.

« Je le remercie pour le don de vie qu’il m’a fait, pour les rires, les histoires, les longs discours… et pour sa main verte », aujourd’hui, Sacha a repris le petit potager de son père et continue de le cultiver, donnant une portion des légumes à son entourage, « Ça m’apporte un sentiment de bien-être ».

Afin de continuer dans les pas de celui qui l’aura guidé, Sacha compte faire un séjour en Haïti. « Ce voyage apportera sûrement un changement de perspective sur mon image que j’ai du pays », un projet de vie, qu’il voit comme une sorte de pèlerinage, une façon à lui de remercier son père.

Daniela M., Agente d’hospitalité

Daniela me raconte la Moldavie le pays qu’elle partage avec son père. Petit, celui-ci était rêveur, dans son village où la vie quotidienne n’était pas simple, sous l’empire de l’URSS, « Il lui arrivait de voir des avions passer et d’espérer qu’il y en ait un qui s’arrête pour lui ».

Bien des années plus tard, le voyage l’interpelle cette fois-ci pour de bon, vers le Portugal, « Il voyait que la situation sur place- en Moldavie- tournait mal et beaucoup de gens partaient ailleurs en Europe ». Il rapatrie ainsi sa famille à ses côtés et se lance dans le domaine de la construction, pendant que sa femme, auparavant infirmière, s’adonne à l’entretien de maisons, son diplôme n’étant pas reconnu au Portugal. « Ils ne se sentaient pas vraiment accomplis et ils ont vu le Canada comme une meilleure opportunité ».

Trois années de procédures plus tard, Daniela et ses parents arrivent à Montréal. Son père est toujours dans la construction, mais cette fois-ci en tant qu’entrepreneur, avec sa propre entreprise, « Mon père est un fonceur, il m’a toujours dit que si je n’essayais rien, je n’aurais jamais rien en retour, et ça me motive ».

Malgré un certain barrage de la langue, entre le Roumain, le Français et l’Anglais, et les différences culturelles que Daniela peut ressentir entre elle et son père, elle le remercie pour la vie pleine d’aventures qu’il a pu lui faire vivre. « Il faut que je me concentre sur ce qu’il m’a apporté et sur ce qu’il m’apporte aujourd’hui », me dit-elle avec un sourire, « On ne fait plus beaucoup de choses ensemble maintenant, on est tellement occupés tous les deux. Mais il faut trouver et créer des moments pour se retrouver ». En me quittant, elle se fait la promesse de passer plus de temps avec lui, consciente de l’amour qu’elle lui porte, au quotidien.

Jennifer L., Agente de réservations

Du haut de ses 25 ans, Jennifer impressionne par son histoire émouvante, aux virages étourdissants, « Je dis souvent que ma vie est une comédie dramatique ».
Élevée par un père monoparental, elle se rappelle une enfance heureuse qui ne manquait de rien, « le fond du frigo je ne l’ai jamais connu, c’était Narnia ».

Et puis, son père est diagnostiqué séropositif, alors qu’elle n’a que onze ans. Un moment difficile dont elle parle pourtant avec sagesse, « Il est mon idole, il a redéfini tant de choses. La vie lui a donné des leçons et il a beaucoup changé ». À travers cette expérience, Jennifer a appris la résilience, le pouvoir du changement, de la redéfinition d’un événement dans une vie.

La fête des Pères est avant tout un moment d’introspection pour Jennifer. Orpheline à 14 ans suite au décès de son père, elle voit cette période comme un moment pour elle, « Ce qui va être important pour moi, ça va être que je sois parent éventuellement ». C’est aussi l’occasion de remercier les figures importantes qui ont été là, tout au long de sa vie, dont Shonda, la mère d’une de ses amies, qui l’a prise sous son aile, « À l’heure actuelle, j’ai une famille atypique, que j’ai dû reconstituer par moi-même ».

« À l’époque, nous étions toujours la famille un peu étrange, mais mon père m’a fait embrasser le fait d’être différente, d’être originale. Ça me permet aujourd’hui d’avoir une vie qui est excitante et surprenante. J’assume qui je suis ». Cette assurance lui aura permis d’exceller dans ses études et d’effectuer plus d’une fois un périple à pied, du Mexique au Canada. « C’était le premier à avoir des idées et à nous embarquer dans ses histoires. J’étais souvent celle qui le ramenait à l’ordre », m’avoue-t-elle dans un rire.

Les souvenirs de son père sont nombreux et Jennifer ne peut s’empêcher de me les conter, un brin de malice dans les yeux, « J’aime parler de mon expérience malgré le trauma, afin de déstigmatiser la chose ». Elle porte les conseils et l’expérience de son père au quotidien, afin de donner à sa vie la plus belle des teintes, comme un hommage, « Je m’amuse, je vis. ».